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Les syndicats doivent rejeter les sauvetages empoisonnés de la Banque centrale européenne

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Les investisseurs ont le sourire. La Banque centrale européenne, le pouvoir qui tire les ficelles du plus grand pôle bancaire au monde, s'est engagée à soutenir les gouvernements de la zone euro à court d'argent par des achats illimités d'obligations. Cette opération devrait, en principe, faire baisser les taux d'intérêt et les coûts de l'emprunt. Mais elle est loin d’être gratuite: les gouvernements qui demandent l’aide de la banque centrale doivent se résigner à de nouvelles coupes dans les dépenses et l’emploi publics.

Jörg Asmussen, un haut responsable de la BCE, a affirmé que les achats d'obligations "n'auront lieu que si le pays entreprend de sévères réformes. C'est une condition préalable à une quelconque intervention de la BCE." La directrice du FMI, Christine Lagarde, a abondé dans ce sens, affirmant qu’elle voyait "d’un bon œil" que le soutien aux marchés obligataires soit lié à des "programmes d'ajustement macroéconomique et au respect des réformes structurelles et fiscales qui vont de pair."

Le modèle est désormais familier. Dans un assaut massif contre les services publics, les droits sociaux et la négociation collective, l’arme de choix de la BCE, avec le concours de la Commission européenne et du FMI (la «troïka»), consiste à pousser les États dans leurs deniers retranchements. À chaque étape d’une crise qui ne cesse de s’aggraver, la BCE prend soin d’intervenir de manière à maximiser au possible le choc, dans le but de durcir le régime d'austérité. Les attaques spéculatives sont entièrement prévisibles, étant donné la façon dont les opérations de sauvetage sont organisées. On permet que la «contagion» se répande, et ce n’est que lorsque les marchés risquent d’échapper à tout contrôle et que l'opinion est engourdie par un barrage médiatique qui menace d’une catastrophe imminente, que la BCE agit… En échange de nouvelles coupes dans les dépenses publiques et de plus de dérégulation.

Ce jeu cynique et dangereux inflige une détresse inutile à des millions de travailleurs et travailleuses. Et ce n’est pas fini ! Les syndicats doivent fermement rejeter ce sauvetage empoisonné et exiger un changement radical de politique.
La BCE a d'énormes ressources à sa disposition. Preuve en est qu’à chaque étape de cette crise qui ne cesse de s’aggraver, elle dispose des fonds et des mécanismes nécessaires pour repousser les spéculateurs. Elle dispose également des ressources nécessaires pour lancer le programme d'investissements publics, seul moyen pour lutter efficacement contre la crise et seule alternative vraie à l'austérité. Les décideurs politiques savent que les coupes massives dans les dépenses ne font qu’accroître le chômage et les tensions dans les finances publiques. Ils savent aussi bien que les renflouements successifs n’ont servi qu’à obliger les États à absorber les effets dévastateurs des pertes privées. Mais d’aucuns veulent nous faire apprendre la leçon, une mission dont ils se sentent investis.

Il y a quelques mois, la BCE a prêté un billion d'euros pratiquement sans intérêt au secteur bancaire privé, sans la moindre conditionnalité. On attend toujours une annonce publique sur la manière dont cet argent a été utilisé (en fait, la BCE a admis ne pas en avoir la moindre idée). En revanche, les finances publiques des pays qui recourent aux plans de sauvetage sont soumises à un examen minutieux, afin de s'assurer que la pleine mesure de la douleur est infligée et que les décrets qui abrogent les droits des travailleurs, pourtant consacrés dans les traités européens et internationaux, sont promulgués comme allant de soi.

L’affaire des billions partis en fumée n'est pas le seul mystère non résolu de l’euro zone. Quel a été, par exemple, l'impact réel de la restructuration de la dette de février 2012, le fameux haircut, pour les particuliers détenteurs d'obligations grecques? Bon nombre de ces obligations ont été achetées à bon compte pour produire des taux d'intérêt astronomiques, puis ont été assurées contre les pertes découlant de swaps sur défaillance. Qui a perdu, qui a gagné, où en sommes-nous à présent? Quel est le volume de richesse qui a été siphonné des pays bénéficiaires de la soi-disant «aide» financière de la Troïka ?

Ces questions n'ont pas leur place dans le discours dominant, selon lequel des technocrates apolitiques luttent vaillamment contre les forces anonymes du «marché». En fait, les objectifs de la BCE et de ses alliés sont éminemment politiques, et consistent essentiellement à faire reculer, voire éliminer, les avancées sociales du dernier demi-siècle.

Nous devons lutter pour que ces objectifs ne se réalisent pas, tout d’abord en renforçant l’organisation, afin d’être en mesure de rejeter la dernière version du programme d'appauvrissement, puis en faisant monter d’un cran la pression des manifestations anti-austérité.

Certes, le système financier a besoin d'une réglementation, qui doit être appliquée plus strictement, mais la question qui se pose vraiment est: à quoi sert cette réglementation? L'évolution de la crise, dont la solution n’est toujours pas en vue, au cours des quatre dernières années, démontre qu’il faut absolument soumettre la finance à la surveillance de l’État et au contrôle démocratique. Affronter le régime d'austérité et le mettre en échec est le premier pas de notre la lutte pour que les banques soient gérées comme des services publics.

 

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